ENTRETIEN: CHEF KEZA, "Edzale Edam/Mon village".

                                   ENTRETIEN: CHEF KEZA, "Edzale Edam/Mon village".
Bonjour Keza! D'entrée de jeu, peux-tu nous parler du titre "Edzale Edam"? Est-ce un nouveau titre?

On peut dire ça comme ça... Mais on l'a quand même enregistré, il y a un an.

Quelle traduction donnée à ce titre en français?

Littéralement cela signifie : "mon village".

Pourquoi  le choix d'un titre en langue locale?

Parce ce que le morceau prône un retour au village, à la tradition et donc un retour à la langue maternelle.
 

Le retour à la tradition, quelle importance pour la génération actuelle?

Il faut que l’on comprenne que les problèmes qu'on traverse ne sont pas causés par un seul homme ou par un système..., C’est aussi la conséquence d'un comportement inculqué par une mauvaise éducation... Cette éducation que nous avons essayé de calquer sur les Occidentaux et qui est mal adaptée à notre contexte.

Concrètement ce retour est-il possible et comment?

Les grandes puissances d'aujourd'hui le sont parce qu'elles se sont appuyées sur leur histoire et sur leur culture. Si, c’est possible, mais il faut que l’on se comprenne bien, il ne s'agit pas de renier le progrès technique et de vivre comme avant au village. Il s'agit de vulgariser notre culture et de la rendre accessible à tous. Concrètement, il s'agira de promouvoir la culture par des programmes culturels, apprendre l'histoire de nos peuples dans les milieux scolaires, instaurer l'apprentissage de nos langues en milieu scolaire, etc.... En tout cas sur ce point les politiques savent quoi faire sauf qu’ils ne le font pas.

Avez-vous le sentiment d'être incompris? 

Non, je ne crois pas, beaucoup de gabonais en particulier et d'africains se rendent compte du chemin qu’il y a à faire, mais manquer de volonté car trop englués dans le paradigme actuel.

Sur ce titre, on note la participation de Rodzeng et d'un certain El Joackim, qu'est-il?

El Joackim est un harpiste chanteur qui nous accompagne depuis longtemps sur des scènes et des titres..., c'est un artiste de longue date qui a de l'expérience. Il a jadis été  membre du collectif For Ben La Ni, et il nous a accompagné avec sa harpe dans de nombreuses éditions du « Show du Pays ». C'est d'ailleurs lui qui fait le refrain sur ce titre.

"Edzale Edam" est-il prévu pour un projet?

Ce titre apparaît sur une compil sortie au Canada. La compil s'appelle F.R.O. "Fondation Reposant sur les Origines", elle est produite par le collectif du même nom. 
 
un vidéo-clip  concernant ce titre, est-il en cours?

 Oui, sortie prévue pour ce mois de mars.

Dans ton couplet, tu dis: « la mort me fuit, l'amour me poursuit, le Moumba trace mon chemin". Peux-tu nous expliquer ce passage? 

"LE MOUMBA" est une entité du Bwiti. La mort me fuit suggère l'immortalité à travers l'initiation, l'amour me poursuit suggère un attachement aux principes divins.

Es-tu initié au Bwiti?


Disons que je suis initié aux rites ancestraux de ma famille.
Et si tu nous parlais de ton actualité.

Je prépare un album dont la sortie est prévue pour fin mai début juin, il sera intitulé « DISSUMBA ». 

Nous avons regardé une vidéo d'El Joachim et toi sur NYA TV avec pour titre « Kombe Na Moussingui », est-ce à cela que devrait ressembler ton album?

Non, pas exactement, mais disons qu'en plus de cela, il devrait y avoir des morceaux bien rap. Là sur un son totalement traditionnel, j'ai adapté un couplet... cet a cappella n'est en fait que l'adaptation d'une chanson qui doit sortir. Dans la version initiale de ce morceau, il y a aussi Rodzeng qui a un couplet.
 Pourquoi "DISSUMBA"? 

« DISSUMBA »  veut dire le recommencement. Cet album est dédié au bled, et il parle d'espoir, espoir de voir renaître une nouvelle nation sur les cendres du système actuel qui selon moi est en train de s'écrouler.

Que devient Mudjah Soldiers ?

Mudjah Soldiers sera bien représenté sur cet album, car Mudjah, c'est principalement  Bujulynx et moi. Dans mon projet,  j'ai quelques titres avec lui et on en a aussi dans son projet. Sinon, il est prévu que l'on se retrouve pendant l’été en Mbeng pour bosser sur un nouveau disque de Mudjah... et pour cette sortie il y'aura la participation d'anciens membres tels que Karnak par exemple.
Quels sont présentement tes rapports avec le groupe "Mauvaizhaleine"? Es-tu toujours le troisième membre du groupe?

Mes rapports avec Seize et Maat n'ont jamais changé... ce sont mes frères, récemment  j'étais à Nantes et on a parlé du prochain « MH ». Oui, je suis toujours « MH », à vie.
Pour finir, que penses-tu de l'actuel rap gabonais? Et quel est ton regard sur les médias en matière de rap, hip-hop, etc... ?

Sincèrement, c'était mieux avant... Y a plus grand choses de consistant même ceux qui étaient bon avant font maintenant un peu n'importe quoi. Notre identité musicale disparaît, on a tendance à trop calquer ce que les autres font en l'occurrence les Nigériens. Mais, tout n'est pas à jeter, il y en a qui se battent encore pour faire du bon, du vrai...Big up à ceux-là !
Les médias n'échappent pas à cette tendance... On voit que la promotion et la diffusion de certaines œuvres sont volontairement choisies, mais heureusement certains médias essaient de rester vrais même si ce n’est pas toujours facile.

Merci pour ta disponibilité! 

Ce fut un plaisir frère, merci pour ta patience !
Lbvlife Mars 2017






 

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