ENTRETIEN: DO, Alchimie c'est pour mars 2017.

ENTRETIEN: DO, Alchimie c'est pour mars 2017. 

Bonjour, DO! D'entrée de jeu, peux-tu nous parler du CRC? 

Bonjour! Le CRC est un groupe des six MC 's ,notamment Eks , Stentor, Masta, Jez , Farrello et Do. Un groupe dont chacun tente d'apporter son expérience, son talent, sa lecture de la vie pour créer un hip-hop qui soit le meilleur possible en respectant les valeurs fondamentales de cet art.

C'est depuis combien de temps le CRC?

Le groupe existe depuis 2013.
Récemment, vous avez sorti un album, peux-tu nous en parler?

Oui, l'album s'intitule "Chapitre Premier", c'est un Album de 15 pistes et un bonus track. Là-dedans on dresse un tableau de notre environnement immédiat. On parle de notre pays, à quel point sa situation politique et sociale nous touche directement, on parle du rap de son influence dans nos vies, du quotidien du Gabonais, de nos aspirations, etc.. Sur fonds de musiques ou prod plus ou moins Old School . On a voulu dedans donner plus de force au message qu'à autre chose en tentant de gérer le bon équilibre entre le fond et la forme ...

Quel retour avez-vous de cet album?

Un retours assez positif dans l'ensemble. En matière de téléchargements, d'encouragements de part et d'autre, etc... Les clips ont été bien reçu et justement le dernier en date "Et Cetera" tourne très bien. Nous n'avons pas à nous plaindre même si le but à atteindre pour nous est bien plus loin que cela, mais c'est un bon début, un très bon début même. Maintenant que l'on a fait le premier pas , il faut bien que l'on continue la marche donc d'autres pas à faire, parce que le chemin est long .

Et si tu nous parlais du titre "Et Cetera" qui connaît un gros buzz sur les réseaux sociaux actuellement.

"Et Cetera" est un morceau dans lequel on parle de ces choses-là qui seraient successibles de nous changer négativement, de ces choses que l'on met de côté pour être des personnes accomplies dans la société. Par exemple, on ne te dira pas de laisser tes études parce que tu fais du rap. On te dit que le plus important c'est une vie responsable, simple et sans complexe tout en étant un bon rappeur. La prod a été faite par Stentor et le clip par Urbi et Atiss qui sont des frères qui fonctionnent avec nous et s'occupent de tout ce qui est image.

Lorsqu'on regarde le clip, on a l'impression que tout a été calculé au millimètre près. Et si tu nous parlais  de comment s'est déroulé le tournage. 

On a fait un repérage ... Le clip a été tourné à Akébé. On a "chorégraphié" le tournage la veille et  on est arrivé le lendemain pour tourner proprement dit ... On a fait un premier jet que l'on n'a pas apprécié et on est revenu pour filmer à nouveau et voilà ... Toutes les prises cette fois étaient bonnes, on a dû en choisir une sur quatre et la suite, ceux qui ont vu le clip la connaissent. On n'a pas tourné avec grand chose, donc, on a voulu avoir le meilleur clip possible avec le peu que l'on avait à ce moment-là.

Immothep du groupe IAM a salué votre chef-d'œuvre via son compte Facebook, quelle est votre appréciation suite à cela? 

Cela ne peut-être qu'un honneur. Déjà nous sommes presque tous supporteurs de ce groupe depuis l'adolescence. Le simple fait qu'il ait même regardé notre clip, c'est déjà beaucoup pour nous et qu'il le mette encore sur son Facebook, c'est grandiose. C'est une récompense par mis tant d'autres... Mais comme j'ai dit le chemin est long, je considère que l'on n'a pas encore fait grand-chose, que le meilleur arrive . Ékomy Ndong au Gabon a félicité notre travail , Immothep en France l'a fait.  Pourquoi ne pas chercher à faire en sorte que Dr Dre ou Dj Premier aux States le fasse ?
C'est quoi la suite après "Et cetera"? 

Continuer à promouvoir notre album du mieux que l'on peut en allant en radio et en faisant tourner les clips à la TV et sur le net. De plus il y a des projets solos qui doivent sortir comme "alchimie" par exemple ou l'album d'Eks... Farrello travaille aussi sur le sien. Et à côté il y a le deuxième album pour lequel on a déjà posé quelques titres , mais pour cela, je ne peut rien dire pour le moment, on laisse les choses se faire.

En parlant de l'alchimie, à quelle étape du projet te trouves-tu? 

Mon projet "alchimie" est censé sortir en mars, je suis au niveau du mixe, et quelques ajustements finaux.

Parle nous un peu de cet album. 

C'est en fait un Street CD. On trouvera là-dedans beaucoup d'univers que j'ai un peu côtoyés dans la musique. Beaucoup de beatmakers gabonais ,et pas des moindres, m'ont aidé pour ce projet.  À l'instar d'Ekomy Ndong, Mik Mef, Stentor, Dario Pineda, Chris Da Crazy, Nostalzik , Shogun, etc... Je n'ai pas beaucoup calculé , j'ai écrit comme les choses me venaient à l'esprit , sans chercher à faire des prédictions au sujet de ce qui pourrait plaire ou pas au public et aux gens. D'ailleurs,  c'est comme cela que je ferai toujours les choses, artistiquement. C'est un bon projet, je pense, pour ceux qui aiment les lyrics, le rap porté sur le message. Normalement au début du mois de mars, il sera là.
 Est-ce un album-concept avec des thématiques ciblées?

Forcément, je te parle de ce qu'il y a autour de moi et de ce qui me touche directement... La situation du Gabon politiquement qui ricoche forcément sur le côté social. Il y a un titre qui s'appelle ", j'ai besoin d'elle" qui parle du fait d'être orphelin. Je te parle de la musique de ce qu'elle est pour moi... Quand bien même je le voudrais, je ne peux pas écrire un texte qui ne dit rien... Même quand je ne calcule pas, ce qui sort de ma tête est bien thématisé...

Au-delà de l'alchimie musicale, qu'est-ce qui différencie ce nouvel album du précédent?

Le fait qu'il soit plus ou moins produit par moi avec l'aide de mes frangins. L'écriture est différente, je suis moins dans la forme et y a beaucoup plus de fond... Un titre tel que "Statu Quo" par exemple je l'ai écrit sans penser à y mettre des calembours et autres assonances pourtant c'est un peu ma marque de fabrique les calembours... Ce qui importe le plus c'est le message, c'est le fond. Dans "l'Alchimie", tu trouveras beaucoup plus de métaphores, de belles figures de style... Et je m'y suis un peu plus impliqué personnellement et émotionnellement dans les textes... des titres tels que "Encore vivant" ou "Ta grâce me suffit", j'y mets beaucoup de choses personnelles...
Le contexte actuel te semble-t-il favorable pour la sortie d'un album?

Le contexte actuel ne finira pas d'aussi tôt. Autant le sortir Parce que s'il faut attendre que tout se calme vraiment, beh attend encore un an alors. De plus il y a des titres qui traitent justement de ce qui se passe actuellement ici. Ce qui va peut-être réconforter certains et agacer d'autres...

Quelles pourraient être tes attentes après la sortie de l'album?

Déjà rappeler que c'est un Street CD. Ce que j'attends de ce projet, c'est évidemment que le maximum de gens kiffe. Que cela crée une émulation et justement une alchimie entre tous ceux qui l'auront... S'il peut au moins faire qu'un gars ou une fille comprenne mieux le monde qui l'entoure, ce ne serait pas mauvais, ce serait l'idéal.

À combien sera vendu l'album et où pourra-t-on se le procurer?

Normalement il n'est pas censé être à plus de 2000 francs CFA. Et il sera surtout disponible sur le net. Sur certaines plates-formes de téléchargement payant.

Pourquoi ce choix?

Le choix du prix ou celui de le vendre à 80 pour cent sur le net ? Pour l'accessibilité. Qu'il soit facilement accessible. Même si je reconnais que les gabonais n'ont pas trop la culture de l'achat sur le net. Mais, il faut bien qu'on les incite à le faire.
Que penses-tu de l'actuel rap gabonais?

le rap gabonais s'exporte un peu mieux qu'auparavant. Il est de plus en plus écouté ailleurs. L'aspect promotionnel est un peu plus élaboré qu'auparavant. Mais il n'en demeure pas moins que ce ne soit pas suffisant, et que d'autres tares tendent à dégrader ce hip-hop-là. Les politiques s'immiscent toujours dans cet univers, évidemment pour attirer la grosse partie de cette jeunesse-là qui suit aveuglément au mot près certains protagonistes du hip-hop gabonais. Il n'est donc malheureusement pas étonnant de voir que certains rappeurs avides de célébrité et d'un peu de sous se jettent conscience, pieds et poings liés dans cette folie qui est d'être le porte-voix d'un système despotique au pouvoir depuis pratiquement cinq décennies. Mais bon, il y a, Dieu merci, des exceptions. Des gens qui n'ont pas mordu à l'hameçon du pouvoir donc pas attirés par l'appât du gain. Techniquement, le rap gabonais a évolué, des choses biens sortent tous les jours, il y a petits qui te surprennent agréablement à l'instar d'Eks, Tris, Kestat, Bobstarr, Bob Dan, Mc Essono, etc... Il fut une époque des petits comme cela, il n'y en avait pas. Certains grands sont restés très bons et donnent de bons produits, des beatmakers travaillent de mieux en mieux, à cette allure, on créera une véritable industrie. Même si certaines personnes s'appliquent à vouloir tout contrôler négativement. Je vois que le rap gabonais a de beaux jours devant lui surtout. Ce rap sera mieux après, le rap sera mieux après la sortie de mon album (rire). 
Quel est ton regard sur les médias gabonais présentement?

les médias ? Les médias, la plupart, sont à l'image de ces rappeurs de poche pour un système despotique en déclin, dont je parlais tout à l'heure. Des portes voix de l'injustice, tout cela pour quelques billets, des bouteilles en boîte de nuit, des "likes" sur Facebook, un peu de popularité, etc... Mais bon, si c'est la finalité de certains, leur paradis ,il faut donc dire qu'ils ont réussi leur vie, on ne va pas le leur reprocher. Ensuite, chacun sait ce qu'il fait et se prépare à assumer les conséquences des actes posés. Pour ce qui est du contenu des programmes, chacun fait ce qu'il veut, pour ma part je ne suis pas vraiment satisfait de ce que j'entends et vois à gauche et à droite, dans certaines de nos chaînes de télévision, radio et site web. Mais bon, il y a des exceptions comme d'hab. Et de toute façon, si nous voulons avoir les meilleurs programmes, nous devons nous y mettre nous-mêmes et, créer nos propres projets dans ce sens. C'est bientôt la fin de la FM et tout deviendra numérique, ce qui veut dire que nous pouvons créer nos propres interfaces médiatiques et y mettre le contenu que l'on trouve adéquat pour nous et ceux qui attendent peut-être mieux des médias. Je dis cela en excluant la censure.

Merci pour ta disponibilité!

Merci à vous!


Lbvlife Février 2017.

Share:

0 commentaires